POUCHKINE retrace la journée précédent le fameux duel au pistolet qui confronta le plus grand et le plus controversé poète de Russie à l’amant supposé de son épouse, le cavalier français d’Anthès. Au terme d’une vie tumultueuse marquée par l’invention de la littérature russe, le bras de fer idéologique avec les Tsars et les scandales de mœurs à répétitions, l’intenable Pouchkine décide de provoquer le jeune monarchiste insolent venu de France, le ténébreux Georges-Charles d’Anthès qui courtise outrageusement la mère de ses enfants, la splendide Nathalia. A y regarder de près, une fois le prétexte de la rivalité amoureuse égratigné, il apparaît que Pouchkine pourrait bien faire l’objet d’une dernière machination politique visant à lui faire abandonner pour de bon sa célèbre verve révolutionnaire. Tout semble orienté pour faire taire l’impudent qui osa s’élever contre les lois du régime. Le récit de cette veille de duel brosse à un rythme endiablé le portrait du poète russe au sang africain, son rapport ardent aux femmes et notamment à sa mystérieuse épouse, sa difficile prise de position en faveur de la liberté d’expression et les contradictions de sa vie quotidienne. Surnommé « Notre Tout » par les Russes, Pouchkine est l’incarnation d’un peuple mais il est aussi l’Homme Seul, l’Indépendant, le Poète. Sa vie fait puissamment écho à notre époque de crise mondiale dans laquelle plus que jamais les questions d’identité et d’innovation morale attendent leurs réponses.
NOTE D’INTENTION DE L’AUTEUR
POUCHKINE est une pièce contemporaine qui n’a pas d’autre vocation que de s’adresser au public le plus large et le plus divers. La vie de cette idole a dépassé le cadre de son époque. Une fois penchés au-dessus des tribulations du poète, nous ne pouvons que sentir la familiarité qui en émane. La société automatique et uniforme de notre temps, encore refroidie par l’omnipotence de la technologie, se rapproche du monde mécanique, violent et distancié des conventions auquel Pouchkine appartenait et qu’il n’a eu cesse de combattre. La Parole qui dénonce est encore, pour sa puissance, la cible des tirs. L’allergie à la pensée unique est une excellente maladie. La voracité est un bienfait. L’insolence aide. Il y a de la place pour des Pouchkine aujourd’hui. L’ère de la crise mondiale appelle à un renouveau des valeurs. Ce renouveau commence par l’appétit. Ayons faim ! Et pas qu’un peu… Pouchkine enseigne la vertu de l’appétit qui gronde. Il ne se contentait pas d’être un aristocrate, il voulait frayer avec les paysans, les moujiks. Il ne se contentait pas d’être Russe, il était Nègre, il ne se contentait pas de servir le pouvoir impérial, il le déservait autant que possible. Insatiable ! Cette volonté de se dilater au maximum, cet étirement systématique de lui-même, ce refus du choix, cette énergie-la éclate sous la tension mais elle éclate avec une sorte de rire sauvage. Notre monde étroit, hypocrite par ici, brutal par là, ségrégateur attend ce type de rire. A tout ce qui peut nous réduire, Pouchkine répond, défiant : Je vais grossir encore ! Ce géant de l’appétit nous tend son assiette. L’heure du festin sonne. A table !
Ewan Lobé, Jr.
© Thomas Tarraud
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